Episode 23 : Perdu dans la Cappadoce

RobinJournal de bord, Vidéo2 Comments

Hier, dans le parc de la Cappadoce, j’ai pu ressentir une nouvelle sensation de liberté. C’était la première fois que je roulais seul depuis le début du voyage.  J’ai retrouvé une sensation d’évasion et de bien-être que j’avais alors un peu perdu.

Après avoir passé la matinée avec Arlen et Firmin, mes deux compères de voyage, j’ai ressenti l’envie d’aller rouler simplement avec un peu d’eau et mon smartphone pour les photos. J’ai enlevé toutes les sacoches de mon trike, le Veltop, les garde-boue. Je voulais me retrouver avec une machine simple et terriblement efficace sur les chemins de terre. Très vite, je suis sorti des routes macadamisées et j’ai pu trouver ces belles pistes tortueuses qui passent entre les formations rocheuses.

Un chemin en particulier à attiré mon attention : un petit chemin étroit, de la largeur de mon trike qui s’enfonce droit entre les montagnes. Des chemins se séparent, je vais d’abord à gauche, puis je prends la droite, en suivant uniquement mon instinct. En peu de temps, je me retrouve perdu. Le chemin est devenu cours d’eau, plus étroit encore et par conséquent impossible à franchir en trike…  J’ai du le pousser, le tirer, le porter sur ma tête pour traverser les goulets étroits, les montées impossibles et traverser les grottes et tunnels formés par le passage des eaux. J’étais donc là, à m’enfoncer encore plus dans cet environ hostile au vélo au lieu de simplement faire demi-tour. Ce demi-tour pour moi est inimaginable, comme s’il est la preuve d’un échec. Ça me fait bien rire sur le moment car j’ai la même réaction sur la route quand je me trompe de chemin, je suis alors prêt à faire juste à plusieurs kilomètres de détour au lieu de rebrousser chemin. Peut-être que cette fois était la fois de trop…  J’étais seul, j’étais perdu, mais pourtant je me sentais bien,

J’ai lutté comme ça pendant une heure environ contre la nature en essayant de me frayer un chemin. Soleil de plomb sur ma tête, je commençais à manquer d’eau après avoir absorbé la dernière goutte d’eau de ma gourde. C’est à ce moment que je suis rentré dans un état de transe, comme boosté par une force invisible et envahissante qui me manipulait le cerveau et m’anesthésiait les muscles pour m’aider à avancer. Je poussais le trike, je faisais quelques mètres en pédalant. Je traversais des arches et grottes magnifiques. La lumière de 19h faisait rougeoyer la pierre.

Et là, au centième virage impossible avec une pente à 20%, je me retrouve nez à nez devant un voyageur à vélo. Je mets un moment à quitter cet état de transe pour revenir sur la terre ferme. Ce voyageur à vélo, il s’appelle Esteban, il est français et cela fait un an qu’il est sur les routes. Il m’invite à le rejoindre un peu plus haut en laissant les vélos. Je le suis.

Après une centaine de mètres seulement, je me retrouve devant une maison construite directement dans une cheminée de fée. Dans le jardin, je trouve deux turcs qui jouent au Backgammon. Nous nous asseyons alors. Il m’explique qu’il va dormir la grâce à un contact qu’il a eu depuis le site Couchsurfing. Nous discutons beaucoup, sur les différents types de voyages à vélo : seul ou à plusieurs, avec ou sans moyens de communication et de partage, avec ou sans hotel…

J’en viens à la conclusion que voyager seul, cela permet d’aller beaucoup plus au bout de ses limites, là ou à plusieurs, on serait contraint à devoir respecter les avis des autres et donc par conséquence, les limites de chacun. On peut aussi s’enfoncer dans l’erreur quand on est seul, comme je l’ai fais… Mais cette « erreur » m’a amenée à trouver cet endroit magique. Je réfléchis donc à ce que pourrait être un voyage à vélo seul, je me plais à l’idée de penser que j’en serais largement capable.

Il est déjà 19h30, le soleil se cache derrière les rochers. Il est temps que je remette les pieds sur la terre ferme. Une dernière montée abrupte et je retrouve enfin la route principale. J’éclate de rire et je fais un dernier « wou-houu » dans la descente qui me ramène vers mes compagnons de voyage à qui je raconte immédiatement ces aventures ! Ah oui…voilà, ça me rappelle pourquoi je voyage avec eux : ce que j’aime avant tout, c’est le partage de ces aventures.

Auteur

Robin

Passionné par le vélo et l'aventure, amoureux de la nature et de la technologie.

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